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ArcExpress : objectif existentiel

Le projet ferroviaire ArcExpress permet une économie de temps spectaculaire avec le prolongement des convois des Chemins de fer du Jura (CJ) jusqu’à Delémont. Par exemple, un gain de 24 minutes entre La Chaux-de-Fonds – Delémont (60 km) et de 31 minutes entre La Chaux-de-Fonds – Bâle, soit un temps de trajet de 1 h 13 en place de 1 h 37. Il s’agit du premier projet stratégique déployé entre 2026 et 2030.

Ce projet touche un potentiel de 120 000 habitants de l’Arc jurassien. ArcExpress c’est une offre régionale efficace, sans changement entre La Chaux-de-Fonds et Delémont, supprime les temps d’attente dans les gares de Saignelégier, Glovelier et Delémont ; projet possible avec de légères corrections de tracés, la double voie de deux tronçons et la pose d’un rail supplémentaire entre Glovelier et Delémont (circulation sans changement). Coût : environ 100 millions, sur une enveloppe de 40 milliards pour des projets de Développement stratégique de l’infrastructure ferroviaire (PRODES 2035).

Regards croisés avec Charles Juillard, Conseiller aux États JU, membre du Conseil d’administration des CJ et président de l’Association ArcExpress, et Aurélien Mouche, président de la section syndicale SEV VPT du Jura.

Monsieur Juillard, Albert Rösti, Conseil fédéral, a confié au professeur Ulrich Weidmann, de l’EPFZ, la tâche d’évaluer la pertinence des 250 chantiers (rail-route) en attente. À ce jour dans l’étape aménagement ferroviaire 2035, aucun projet en Suisse romande n’est retenu, même pas la ligne directe Neuchâtel – La Chaux-de-Fonds. Le projet ArcExpress peut-il sortir son épingle du jeu ?

Ce projet existe et l’OFT a déjà accepté de financer diverses études reconnaissant ainsi sa pertinence. Ces premières études le confirment et indiquent que ce projet est réalisable sans obstacle majeur. La question sera de savoir ce qu’il sortira du Rapport de l’EPFZ. Pas sûr que ArcExpress soit mentionné. Mais il s’agit d’un rapport d’experts que le Conseil fédéral devra s’approprier et en faire un message à l’attention du Parlement. C’est à ce stade qu’il faudra glisser ce « petit projet » entre deux ou trois grands. Comment, c’est encore un peu tôt pour le dire.

Quelles sont les conséquences concrètes pour les CJ entre les deux scénarios avec ou sans Arc-Express, notamment en termes du maintien de l’emploi, sachant que le seuil fatidique des 20 % du taux de couverture aurait un effet guillotine ?

C’est un projet majeur pour l’avenir de la Compagnie. Il permettra d’assoir le rôle des CJ dans les transports de l’Arc jurassien. C’est aussi un projet important pour la cohésion cantonale et régionale. L’accélération des parcours ouvre des champs d’opportunité pour penduler de La Chaux-de-Fonds à Delémont, Porrentruy ou Bienne par Tavannes et Tramelan. Il faudra une offre attrayante pour que la population utilise les trains, sans quoi l’équation de la rentabilité minimale deviendra difficile à résoudre.

Aurélien, comment le projet Arc-Express est-il perçu par le personnel CJ et la section syndicale ?

Le personnel entend parler ligne directe du réseau CJ à Delémont depuis les années nonante. La section syndicale est consciente des enjeux de cette liaison, elle la voit comme un développement important pour la compagnie. Les CJ ont plutôt tendance ces dernières années à régresser qu’à s’agrandir avec la perte du trafic marchandises à Tavannes, les lignes de bus des Franches-Montagnes reprises par CarPostal et bientôt la reprise par les CFF de la ligne Porrentruy-Bonfol.

À quel niveau l’entreprise dépendra-t-elle ou non de sa réalisation à terme et du maintien de l’emploi ?

Le taux de couverture tourne autour de vingt-cinq pour cent, l’avenir du TRV dépend beaucoup de la politique en matière de transport. La liaison à une gare nationale augmente la fréquentation dans les trains ; cela s’est déjà vu ailleurs en Suisse. Cela permettrait notamment de pérenniser la ligne Saignelégier-Glovelier qui a déjà été menacée de fermeture par le passé. La liaison avec Delémont serait donc une bonne opportunité pour la compagnie et ses employés.

Jean-François Milani