Hommage à Christiane Brunner, grande syndicaliste et militante pour l’égalité

L’Union syndicale suisse (USS) est en deuil de Christiane Brunner. L’ancienne dirigeante syndicale, conseillère nationale et présidente du PS est décédée à l’âge de 78 ans. Elle était une personnalité éminente de la vie sociale et syndicale suisse – et une pionnière.
Christiane Brunner a présidé le SSP de 1982 à 1989, puis de 1992 à 2000, elle était la première femme à la tête du syndicat des travailleurs de la métallurgie (FTMH), une organisation qui a précédé l’actuelle Unia. De 1994 à 1998, elle a présidé l’USS avec Vasco Pedrina, devenant ainsi la première femme à la tête de l’organisation faîtière. Au cours de sa longue carrière politique et syndicale, elle a été en première ligne de tous les grands combats sociaux et politiques : pour l’égalité, pour de meilleures conditions de travail, pour une réduction du temps de travail et pour un développement de la sécurité sociale.
De 2005 à 2012, elle a représenté le personnel au conseil d’administration des CFF. En 2012, elle s’était confiée dans contact.sev. Son meilleur moment ? Quand elle a appris qu’une femme était proposée au poste de directrice du trafic voyageur et élue par le Conseil, et quand elle a lu le livre consacré aux femmes pionnières aux CFF. Son pire moment ? La séance à laquelle elle a reçu un blâme tout à fait officiel et formel pour avoir osé prendre position publiquement contre la loi autorisant l’ouverture dominicale des magasins dans toutes les gares.
Membre fondatrice du Mouvement de libération des femmes en 1969, elle a joué un rôle déterminant dans l’introduction de l’assurance maternité, de l’article constitutionnel sur l’égalité et de la loi sur l’égalité.
C’est également à son initiative – inspirée par l’horlogère Liliane Valceschini – que l’on doit l’idée de la grève des femmes. Elle a en outre joué un rôle moteur dans la fusion ultérieure de la FTMH et du SIB pour former l’actuelle Unia. Deux ans après la grève historique des femmes, le 3 mars 1993, Christiane Brunner aurait dû être élue au Conseil fédéral. Ruth Dreifuss l’a été à sa place. Elle est connue aussi pour son Commentaire du contrat de travail (USS, 1989, avec J-M. Bühler et J.-B. Waeber). Avec elle, la Suisse perd une militante marquante pour les droits sociaux et l’égalité – et les syndicats une figure centrale de leur histoire.