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vingt ans d’Alliance pour le climat

Protéger le climat, cela va de soi

L’Alliance climatique suisse, dont le SEV fait partie, a présenté publiquement son nouveau plan d’action climatique début juin à l’occasion de son 20e anniversaire. Elle a comme objectif de montrer comment la Suisse pourra atteindre un bilan net nul en l’espace de dix ans et n’émettre plus aucun gaz à effet de serre supplémentaire. Afin que cet objectif climatique devienne réalité, il ne faut pas seulement des solutions techniques mais également une justice sociale ainsi que des investissements dans les emplois et les infrastructures.

Le plan directeur climatique n’est pas tout simplement un papier stratégique de plus - c’est un signal d’alarme. « La politique d’attente est dépassée », a affirmé Yvonne Winteler, co-présidente de l’Alliance climatique lors de la conférence de presse qui s’est tenue à Berne le 3 juin : « Nous vivons une époque de profonds changements - malheureusement 20 ans trop tard. Plus nous attendons, plus le budget CO₂ restant diminue ». Bien que la Suisse - pays prospère et technologiquement à la pointe du progrès - offre de nombreuses possibilités, le niveau d’ambition en matière de politique climatique nationale semble diminuer. Si tous les pays se comportaient comme la Suisse, le réchauffement climatique global atteindrait 3 °C, loin de la limite critique de 1,5 °C fixée par l’accord de Paris sur le climat.

Les syndicats : un pont entre la protection du climat et la justice sociale

Le nouveau plan directeur climatique se distingue par le fait que, dès le début, il tient compte de l’aspect social de la protection du climat. Atteindre une neutralité climatique ne doit pas se réaliser aux dépens du personnel – bien au contraire. C’est là que les syndicats jouent un rôle crucial en tant que médiateurs pour concilier les objectifs écologiques et les droits sociaux. Dans ce contexte, Angela Lindt de Caritas Suisse fait remarquer : « Protéger le climat – en procédant d’une manière socialement acceptable – est primordial et réalisable – qui plus est dans un pays aussi prospère que la Suisse ».

Le plan d’action place donc trois exigences au centre des préoccupations :

promouvoir la formation continue des personnes employées dans les branches touchées par le changement ;

développer les transports publics en une infrastructure respectueuse du climat et capable de créer des emplois ;

aménager activement des changements structurels, par ex. des conditions cadres pour investir dans des emplois respectueux du climat.

Vingt ans d’engagement civil

L’Alliance climatique suisse a été créée en 2005 par 48 organisations, plusieurs d’entre elles étant non gouvernementales et actives dans le secteur de l’environnement et du développement, mais également par des syndicats, dont le SEV. Elle compte aujourd’hui plus de 150 organisations de membres et partenaires et s’engage pour plus de 2 millions de personnes en Suisse.

Ces vingt dernières années, l’Alliance a remporté des succès remarquables, notamment :

2008 : introduction de la taxe sur le CO₂

2019 : organisation d’une grande manifestation pour le climat réunissant 100 000 participant·es à Berne

2023 : acceptation de la loi sur le climat

2024 : refus du référendum pour une extension des autoroutes

2024–2025 : pression sur la Banque nationale et les initiatives de la place financière pour stopper les investissements nuisibles au climat.

En tant que co-fondateur de l’Alliance et expert en protection climatique et en énergie, Patrick Hofstetter affirme avec conviction : « Pour atteindre la neutralité climatique, l’État doit mettre en place dès maintenant les bonnes conditions cadres. La protection climatique doit devenir une chose normale, simple et attractive. »

Agir maintenant - climat, justice et travail

L’Alliance climatique incite le Conseil fédéral à utiliser immédiatement tous les moyens politiques et techniques à disposition, au lieu d’introduire des mesures seulement en 2031. La combinaison des instruments proposée dans le plan d’action, soit les programmes de soutien, les réglementations, la formation et les incitations vers l’économie de marché, offre une feuille de route concrète.

Pour le SEV, cela signifie apporter sa contribution plutôt que de rester spectateur. Ce n’est que si protection climatique et justice sociale sont développées et mises en œuvre conjointement qu’un avenir équitable, sûr et vivable pourra être envisagé pour tous. Le président du SEV Matthias Hartwich est clair à ce propos : « Ceux qui sont pour la protection du climat doivent également être pour des conditions de travail équitables et des systèmes de transport public solides. Le SEV s’engage pour que le changement de cap dans les transports ne se fasse pas au détriment des salarié·es, mais qu’il crée des emplois équitables et inscrits dans la pérennité. »

Eva Schmid