Canicule
Le personnel deconduite souffre aussi des grandes chaleurs
L’été a été très chaud cette année avec deux épisodes de canicule fin juin et mi-août. Les températures ont largement dépassé les 30 degrés sur l’arc lémanique et le Tessin, atteignant même les 37 degrés dans le bassin genevois et le Valais central. Nos collègues en extérieur sont touchés, mais le personnel de conduite, malgré la climatisation, est également très affecté par ces chaleurs.

Avec une température de 36 degrés à la gare de triage de Limmattal à Spreitzenbach le 13 août, et sans doute quarante en plein soleil, nos collègues au sol souffrent, comme l’a montré la Aargauer Zeitung. Pour affronter la canicule, ils portent des casques avec protection sur la nuque. Dans la mesure où le travail le permet, ils font de courtes pauses supplémentaires. En plus de la crème solaire, les CFF distribuent gratuitement de l’eau, des glaces et des fruits.
A priori, on pourrait se dire que pour les collègues qui conduisent des bus et des trams, la situation est plus enviable, notamment grâce à la climatisation. Si les conditions ne sont pas aussi extrêmes que le long de la voie en plein soleil, les très fortes chaleurs ont néanmoins d’importants effets sur les conditions de travail et la santé de nos collègues de la conduite et nécessitent des aménagements. C’est notamment ce que réclament nos collègues des transports publics genevois (tpg).
Genève particulièrement touchée
Genève a été particulièrement touchée par les deux épisodes caniculaires de cet été. Le plan canicule y a été déclenché par le Service du médecin cantonal une première fois entre le 28 juin et le 4 juillet, puis du 8 au 17 août. MétéoSuisse avait émis un avis de canicule de degré 3 sur 4 en Suisse romande et en Valais. Des mesures étaient notamment proposées pour les plus de 65 ans comme des accès gratuits aux piscines et au cinéma l’après-midi. En outre, Genève a été particulièrement touchée par la pollution par l’ozone très présente. Cela a conduit, pour la première fois à l’activation du niveau deux du plan anti-smog à trois niveaux. Les voitures les plus polluantes ont été interdites et les transports publics sont devenus gratuits.
Démarches non adaptéesà la réalité du terrain
Aucune mesure particulière n’a pourtant été prévue pour le personnel de conduite lui-même. Pour l’entreprise, ce n’est qu’à partir du niveau 4 que les mesures techniques, comme mettre à disposition de l’eau, ou organisationnelles (adaptation des horaires, p. ex.) commencent. « Les démarches que les tpg ont décidé d’entreprendre ne sont pas adaptées à la réalité du métier de conducteur » explique Aurélie Lelong, secrétaire syndicale en charge des tpg. Rien n’est prévu pour des pauses supplémentaires permettant de se mettre au frais un moment pour faire redescendre la température corporelle. Comme nos collègues sont dans un véhicule climatisé, l’entreprise part de l’idée qu’ils sont à l’abri et n’ont pas besoin de bénéficier de mesures particulières.
Or, la grande chaleur externe finit tout de même par s’engouffrer par les portes et faire monter la température interne du bus, en particulier lorsque les arrêts sont fréquents comme en ville de Genève. Sans parler des problèmes techniques de certaines climatisations très sollicitées qui fonctionnent parfois de manière réduite, la température dépasse très rapidement les 26,5°C à partir de laquelle, selon le SECO, il devient inconfortable de travailler. Quand tout fonctionne, la climatisation du bus est réglée pour qu’il fasse quelques degrés de moins que dehors. Elle peut donc facilement atteindre les 28 à 32 °C.
« Quand on est quatre heures de suite au volant dans une cabine de conduite avec toute la concentration que demande la conduite en ville, cette chaleur étouffante finit par peser sur le personnel de conduite. L’argument de la climatisation qui justifierait l’absence de mesures spéciales ne tient pas », fait remarquer Aurélie Lelong.
Le besoin d’hydratation se fait sentir comme pour tous les autres travailleurs. Le problème, c’est que nos collègues ne bénéficient pas de distribution d’eau fraîche aux terminus et que les temps de terminus ne sont pas aménagés, allongés ou d’une durée minimum garantie qui leur permettrait d’aller remplir leur gourde d’eau à un robinet d’eau fraîche.
Par ailleurs, boire plus, cela veut dire aussi aller plus souvent aux toilettes ce qui est difficile sans adaptation des horaires de conduite aux grosses chaleurs.
« Ce qu’il faudrait, c’est adapter les horaires de travail en donnant des temps plus longs au terminus pour garantir que le personnel de conduite puisse aller chercher de l’eau fraîche et dispose du temps nécessaire pour un passage aux w.c.. Si ce n’est pas possible, l’entreprise leur amène l’eau au terminus. On ne peut pas demander aux collègues de voyager avec des gourdes de deux litres pour toute la journée et dire que l’on agira seulement quand nous serons en avis de canicule 4 », poursuit Lelong.
Temps aux arrêts insuffisants
« Entre le niveau 3 et 4, la différence c’est de savoir si la température redescend la nuit. Or cela ne change pas grand-chose sur les conditions de conduite que l’on subit la journée. À partir du niveau 3, il faudrait qu’en sus de temps allongés aux terminus, l’entreprise utilise les relèves en ligne pour permettre aux collègues d’aller se mettre au frais le temps de faire redescendre leur température corporelle. Et si l’entreprise considère que l’impact sur les horaires est trop important, alors elle devrait privilégier des horaires à la fréquence plutôt que des horaires fixes stressants pour les collègues », propose Aurélie Lelong.
Cet été, constatant l’écart entre la procédure théorique et la réalité du terrain et du métier de la conduite, la section SEV-tpg a donc suppléé l’entreprise en allant sur le terrain pour apporter aux collègues des boissons fraîches.
Yves Sancey